Fait étrange mais néanmoins véridique, l’idée de ce roman m’est apparue un matin de Noël. Je me suis réveillée avec. Je l’ai laissé cheminer dans mon esprit dans la journée, profitant de trajets solitaires en voiture. Le soir même, je tenais les grandes lignes de mon histoire. D’où est-elle venue ? Comme dans mes autres romans (c’est le quatrième), j’y ai (...)
Il faut rouler quelques jours vers l’Est pour retrouver l’origine d’Une immense sensation de calme. Je suis à Sofia, chez des amis. Un jour, ils m’embarquent pour une équipée au bord de la Mer Noire. Nous arrivons sur une plage immense, frangée de forêt. Un endroit incroyable, loin de tout. Irakli Beach. Seule une gargote alimente en poisson, bière (...)
Je venais d’atteindre l’île de Stagadon en kayak. L’île est déserte, avec un refuge ressemblant à ceux des montagnes. Mon compagnon de bordée pêchait, j’ai préféré lire Noces de Camus au soleil. La mer se dressait en épines d’oursin. J’ai été impressionnée par cette orgie de couleurs, de textures, de parfums, de lumières qui se dégageait du livre. C’était de (...)
Je viens de regarder sur mon ordinateur : la première trace de ce livre remonte à mai 2014. Comme souvent, des notes dans un carnet qui prennent corps jusqu’à la décision (qui fait un peu trembler) de passer dans un fichier. Il a toujours eu ce titre-là « Mort d’un cheval dans les bras de sa mère », mais la première phrase en (...)
Le vieil hidalgo s’assoit tant bien que mal dans le fauteuil défoncé en cuir rouge de mon bureau. Une armure, même assemblée de bric et de broc, n’est pas très confortable pour accomplir des gestes ordinaires. Et je ne parle même pas de ce fauteuil qui m’encombre plus qu’autre chose. Je ne me résous pas à le jeter, ma grand-mère (...)
J'ai commencé à écrire Le livre de la faim et de la soif en 2009. A l'époque, les prophéties étaient nombreuses, qui annonçaient la mort du livre, la fin d'une civilisation du papier, de la forme du codex. Ces prophéties sur la fin des temps - cet esprit apocalyptique - sont celles que je ne cesse de combattre, de mille (...)
Si je veux retrouver la source de mes rivières infranchissables, alors il me faut aller puiser assez profondément dans le temps. Et tant pis si la nostalgie n’a pas vraiment la cote en notre époque furieusement en marche, laquelle se plait à y voir le levain romantique d’un possible passéisme politique et un empêchement à la nécessaire adaptation des hommes (...)
"La Malédiction de la zone de confort" est né du constat effrayant qu’aujourd’hui la vie tient à un pouce. C’est ce que j’ai réalisé en écoutant soirée après soirée des amis raconter ce qui ressemblait à une longue errance douloureuse sur Tinder. Un endroit où la possibilité du bonheur se joue en gros en trois secondes. Une seconde, deux secondes, (...)
Je suis sorti épuisé de l'écriture de, Aux petits mots les grands remèdes, l'histoire d'un bibliothérapeute un peu étrange. J'avais beaucoup hésité quant à la forme du roman, à la narration, à l'identité des personnages...rien n'avait été facile. A la sortie du roman, j'ai eu la chance d'être invité un peu partout en France. Toutes ces rencontres étaient passionnantes, une (...)
Ce n’est pas moi qui ai écrit Une femme que j’aimais, c’est précisé dès le début. L’auteur est un certain Claude Jansens que j’ai connu autrefois quand il approchait la trentaine. Un solitaire qui se fondait dans le décor, employé modèle, pêcheur à la ligne. Sa vie, comme la vie de la plupart d’entre nous, était sur les rails de (...)
Mon roman est un cas classique, quasi psychanalytique, de pulsion meurtrière sublimée grâce à la littérature. Je regardais la télé. J’avais encore la télé à l’époque. Je ne me souviens plus du nom de l’émission, ni de la chaîne. Un jeune témoignait sur ses difficultés à trouver sa place dans la société, en particulier ses difficultés à s’insérer dans le (...)
Parmi les milliers de disques que j’accumule, je dis j’accumule car il y a quelque chose qui relève plus de l’encyclopédisme que de la collection, il y a Blues Run The Game de Jackson C. Frank acheté il y a dizaine d’années, neuf chansons dans une pochette bleue, éperdument bleue. C’est un disque précieux pour les moments de mélancolie, le (...)
Après Jim Morrison et le diable boiteux, roman autour de l'amitié méconnue et destructrice entre le chanteur des Doors et Gene Vincent, le projet était de romancer une amitié constructive. Celle entre Bob Dylan et Johnny Cash me semblait toute indiquée. Basée sur quelques faits connus depuis longtemps, elle ouvrait cependant de larges espaces romanesques telle leur correspondance dont on (...)
D’où viennent les histoires, dans le fond, et qu’est-ce qui nous pousse à les raconter ? En Haute-Savoie, par un chaud après-midi de juin, un couple de bons amis nous invite à séjourner pour le week-end dans leur chalet d’Entremont, un petit village proche du Grand-Bornand et de la chaîne des Aravis. J’apprends ce jour-là que l’endroit n’a aucun rapport avec (...)
Pour ce roman, j’ai attendu huit ans avant d’être certaine que j’aimais la Corse pleinement, suffisamment pour risquer les critiques de mes amis, mes voisins, mes concitoyens. Huit ans, avant d’être sûre que je pouvais tout aimer, le bon comme le mauvais de ce lieu pour vivre. La Corse est une personne. Elle s’invite à votre table, pénètre votre assemblée, (...)
C’est le jour des résultats du bac. Ma fille rentre à la maison. Elle ne vient pas me dire bonjour, elle part s’effondrer sur le divan rouge du salon. Je la regarde de loin. J’attends. Elle ne bouge pas, la tête plongée dans l’un des coussins. Peu à peu je réalise qu’elle pleure. Je ne comprends pas, elle a son (...)
« Pourquoi tu ne la fais pas parler, elle ? » 2015. J'ai écrit un texte court, « Elle, une marionnette », je l'ai écrit très vite, en trois ou quatre fois peut-être, et je ne le retoucherai quasiment pas. Mais il est trop court pour être publié ainsi. Mon éditrice me propose d'en écrire un second afin d'éditer un recueil des deux. J'essaie. (...)
C’est chaque fois la même chose. Le même coup au cœur, la même excitation. Ça commence par quelques mots, trois fois rien et c‘est la multiplication des pains, un rêve qui ne sait rien de lui-même, qui se déroule inexorablement, se révèle dans sa complexité. C’est là depuis longtemps, ça germe, ça pousse, ça donne des coups dans le ventre (...)
«Putain que ça fait mal. Ma peau s’épaissit, une crête me pousse au sommet du crâne, une femme-lézard apparaît. La femme-lézard ne parle pas, elle grogne. Elle n’a ni pudeur ni dignité. Elle veut que le bébé sorte de son ventre.» J’ai écrit ce texte pour frayer mon propre chemin parmi les discours dominants sur la maternité. Je ne (...)
Avec le Monde de Tom l’Éclair, j’ai voulu plonger le lecteur dans le quotidien de Tom, un enfant différent dans les années 60. Opter pour l’enfance et les années 60, ce n’était pas pour moi faire le choix du repli nostalgique vers un soi-disant vert paradis… L’enfance m’intéresse plutôt comme perspective. Comme focale permettant de faire émerger les clairs obscurs (...)
Je pense que l’écriture de ce roman est née de la rencontre d’au moins deux choses. Il y a d’abord eu cette vieille interrogation qui me suivait depuis des années et qui était parfois presque douloureuse. Pourquoi certaines personnes semblent-elles abandonner les rênes de leur propre existence et, en particulier, pourquoi subissent-elles leur vie professionnelle alors que leurs diplômes et leur (...)
Au départ, il y a une situation de maltraitance professionnelle vécue de près, dans ma sphère personnelle. Et puis, parce que je côtoyais ça au quotidien et que j’en parlais autour de moi, la prise de conscience que c’était sans doute beaucoup plus répandu que je ne l’avais pensé. Quand on parle, d’autres personnes s’autorisent à parler aussi... Et on (...)
« Joyeux suicide et bonne année ! » mon premier roman est né de deux drames séparés. L’un date du 16 mai 2014, jour où j’ai du sauter dans le canal, quai de Seine, pour sauver un suicidé de la noyade. Le second, plus flou, s’est produit quelques mois plus tôt, lorsqu’une amie d’enfance, fraîchement retrouvée, m’avoue un secret : en enterrant (...)
Ce livre est né sur les rives du bois de Boulogne, entre deux foulées avec un ami joggeur qui me confiait son intention de réaliser un documentaire sur Hitler et les salopards qui l’entouraient. Je lui ai parlé de Magda Goebbels, célèbre épouse du dignitaire nazi, connu pour avoir tué ses enfants, terrée dans un bunker, aux dernières heures du (...)
Il existe, dans une région montagneuse des Balkans, une tradition fascinante : celle des vierges jurées. Ces femmes font le sacrifice de leur sexualité et de leur maternité pour obtenir les droits et les devoirs des hommes. La littérature, lorsqu’elle fait un détour anthropologique par l’autre, nous aide à comprendre qui nous sommes et ce qui nous contraint. Au départ, (...)
État des lieux Je crois qu’aussi longtemps que je m’en souvienne on ne m’a pas laissé le choix. Je devais être forte. J’ai dormi longtemps avec, au-dessus de mon lit, un tableau censé énoncer les caractéristiques de mon prénom : il semble qu’Astrid, voyez-vous, « aime les difficultés et finira par les surmonter ». C’était écrit noir sur blanc, impossible de faire (...)
Avant de devenir un texte, « David Bowie n’est pas mort » a d’abord été une longue insomnie, débutée au printemps 2015. Ma mère est décédée subitement à cette époque, et durant de très nombreux mois, chaque soir, dans mon lit, je me repassais le film de cette disparition et des jours suivants. Impossible de détourner mon esprit. Mes pensées s’agrippaient à (...)
Cela faisait un moment que je voulais travailler sur un texte dans lequel l’Histoire serait absente. L’Histoire avec un grand H. C’est ce que j’avais fait jusque-là, et je voulais me colleter à un texte dans lequel seule l’histoire des personnages et de l’époque actuelle seraient présentes. J’avais aussi envie que le livre soit porté par un personnage avec (...)
« Il faut que je retrouve la citation exacte de ce plumitif du XVIIIe siècle (l’abbé Pluche, je crois) que j’ai mise il y a bien des années en exergue à un de mes livres : “Je ne sais rien sur ce sujet, il est temps d’en faire un livre.” » — Patrick Mauriès, Fragments d’une forêt, Grasset, 2013 Il y a (...)
Les titres de travail des romans ont leur importance. Ils sont un peu comme ces noms secrets murmurés à la lune à la naissance d’un enfant dans certaines régions d’Afrique. Ils ne sont connus que de leurs parents, et disent tout de ceux qui le portent. En écrivant ce roman, il m’a semblé que son titre était « l’Auberge de Monsieur (...)
« Tu n’as pas un corps de femme ». Le livre est né de cette phrase, jetée après une dispute, ouvrant la porte à une rupture. Il faut croire à l’élan créateur pour dire la plénitude de l’existence, la beauté des choses, la douceur des êtres. Il faut aussi penser que cette énergie peut être puisée dans quelque chose de plus noir (...)
Au départ, je voulais écrire une nouvelle sur le thème: " 24h de la vie d’une femme " (titre hélas déjà pris), avec cette particularité que la femme en question, ce serait une jeune femme intelligente, vive, cultivée mais qui passerait cette journée engoncée dans une burka. Que seraient ses pensées, ses attitudes, ses (dés)espoirs? Déjà, je voulais en faire (...)
Le cœur du Chemin des fugues ? Une histoire d’amour. Ou plutôt le refus d’une d’amour entre Chaunier, un journaliste sexagénaire en fin de carrière, communiste à l’ancienne, échaudé par ses précédentes expériences affectives et l’Orangée de Mars, une envoûtante dame brune croisée dans un bar singulier. L’aorte de mon roman ? Le journalisme de la presse quotidienne régionale. (...)
Légende d’un dormeur éveillé a pour « matière première » quinze ans de la vie du poète Robert Desnos. Je voulais le présenter aux lecteurs et lui rendre sa dimension de héros légendaire, faire revivre le Paris des années 30 et ses nombreux amis : de Aragon et Eluard à Man Ray, Garcia Lorca, Jean-Louis Barrault, Prévert… Mon roman commence (...)
Dans quelle mesure un handicap ou une différence nous définit-il ? Comment est-ce que l'on peut vivre en étant "résumé" par sa différence ? Quelle image la société nous renvoie-t-elle de nous-même ? Tout commence peu avant le sixième anniversaire du narrateur et on va le suivre pendant son enfance, son adolescence et sa vie d'adulte. Il est né avec (...)
Davantage que la réflexion ou la rêverie, la marche à pied autorise, me semble-t-il, la pensée, la pensée créatrice. C’est à la suite de longues échappées dans la ville de Varsovie puis de Cracovie, en Pologne, que s’est peu à peu imposé à moi l’idée ou plus exactement le besoin d’écrire ce qui allait devenir Le parlement des cigognes. (...)
Je ne l’ai presque pas fait exprès. Je n’ai jamais nourri l’ambition d’écrire un roman d’apprentissage, sentimental, urbain, autour d’un personnage féminin, bourgeois et indépendant qui s’éprend de la liberté plus que de n’importe qui d’autre. Jamais. Je ne l’ai presque pas fait exprès. J’avais bien des idées, des obsessions et des observations, qui s’accordaient mal entre elles. Je n’avais (...)
J’ai découvert l’écriture de Charlotte Delbo en 2011, au cours de mes recherches sur Ravensbrück pour mon roman Kinderzimmer ; elle m’a saisie comme nulle autre. Je suis entrée à Auschwitz-Birkenau par les mots, où je croyais exclu de pénétrer autrement que par l’expérience. Rescapée du camp, de ce lieu où le langage commun s’épuise à saisir un réel qui l’excède (...)
Un fils. Un père. Un grand-père. Pour une famille. La famille Orozco. Ici, on est pêcheur de père en fils, enfin c'est ce qui se dit, ce qui se transmet. Ce qui se transmet, tout est là. Dans cet héritage. Il n'est pas question d'argent ici, mais de cœurs, de viscères et d'âmes. Ce que porte le grand-père, son fils (...)
Mon roman retrace la vie, ou les vies, car constituées d’expériences disparates parfois très éloignées les unes des autres, de Jeremiah Reynolds, né à l’extrême fin du XVIIIe siècle (1799, dix ans avant Poe, vingt avant Melville, auxquels il se trouve indirectement lié) et mort assez jeune, après avoir traversé mers et continents, et mené une existence riche en aventures (...)
Ils sont trois comme les trois doigts de la main : Cali, sa soeur jumelle, Ruben, le chien et lui. Lorsqu’on étudie Pinocchio, le mensonge devient la question : on ne discute pas la couleur de la marionnette, on se demande : C’est quoi un être humain ? Lorsqu’on écrit un roman, on n’écrit pas seulement une histoire, on s’embarque dans une (...)
Sara Banzet, une petite vachère de vingt ans avait décidé d’apprendre à lire et à écrire aux enfants du village livrés à eux-mêmes. Ce qu’elle savait du vent, de la farine, du silence et des rêves. Durant l’été 2001, la Région Alsace m’a invitée à une résidence d’une semaine à Waldersbach en vue d’un petit roman pour les éditions (...)
« Un des plus beaux présents que la nature puisse faire à un comédien, c’est la mémoire : si elle lui est infidèle, le personnage qu’il représente disparaît ; on ne voit plus que l’acteur. » C’est en lisant cette phrase de Dazincourt (1747-1809), sociétaire de la Comédie française, que l’idée s’est imposée. La tournée de ma pièce, « Père et manque » s’achevait et c’était une manière (...)
Lucrèce Borgia (1480-1515 environ) a remorqué sa vie durant et pendant des siècles, la sulfureuse réputation, de s'être livrée avec son père, le pape Alexandre VI, et César son frère, à la pratique de l'inceste. Il faudra attendre les années 1930, pour voir des historiens tenter de découvrir la vérité et s'apercevoir que l'anathème avait été lancé par son premier (...)
Novembre 2016. Le monde se révolte contre la réalité des bombardements russes à Alep, tandis que l’isolationniste Donald Trump vient de remporter son ticket contesté pour la Maison Blanche. Quand, au milieu de ce capharnaüm de tensions internationales, un Français, un Russe et une Américaine partent ensemble pour une mission de six mois sur la Station spatiale internationale… Quel exemple (...)