La Mille et Deuxième Nuit est née d’une série de coïncidences. Je n’avais absolument pas l’intention d’écrire un roman policier, encore moins historique. À l’époque, je peinais sur un roman d’amour qui partait dans tous les sens quand une de mes compagnes d’écriture, auteure publiée depuis, me proposa un défi déniché sur Internet : “Écrire une nouvelle policière située au tournant du siècle dernier. Dix pages maximum.” Peu inspirée, j’allai ce weekend-là voir une exposition sur Diaghilev et les Ballets Russes. J’y découvris le destin hors norme de Paul Poiret, génie de la mode oublié, l’influence russe en France, et cette période folle que fut la Belle Époque. L’idée de La Mille et Deuxième Nuit se dessina très vite : une fête somptueuse, un crime, des destins qui se croisent, la peinture d’une Europe sur le point de s’écrouler. Je commençai la fameuse nouvelle. Bientôt, l’iceberg m’apparut dans toute sa splendeur : dix pages d’écrites, et le crime n’avait pas encore eu lieu. Que faire ? Recommencer l’exercice pour ma copine ? Poursuivre ce périple ? Reprendre le roman d’amour délaissé ? J’étais à la croisée des chemins. Sans trop réfléchir, je décidai d’aller jusqu’au bout de cette histoire. Trois ans plus tard, La Mille et Deuxième Nuit était née. Une enfant non désirée, en quelque sorte.
J’ai mis trop de temps à l’écrire, bien sûr. Trois ans, c’est trop. J’ai perdu du temps, pris des chemins de traverse, me suis arrêtée. Je n’étais pas sûre de moi, ne comprenais pas à quel genre ce roman appartenait, s’il pouvait aller jusqu’à la publication. Et puis m’est venue l’idée, à l’occasion d’une fête, d’un autre roman dont j’écrivis les vingt premières pages. Je l’ai tout de suite abandonné pour revenir à La Mille et Deuxième Nuit. Une façon de me perdre pour me retrouver. Dès que La Mille et Deuxième Nuit m’en laissera le temps je reprendrai le roman délaissé. À bien y réfléchir, c’est peut-être cela ma méthode de travail : commencer un roman, l’arrêter pour commencer un nouveau roman, en finir un autre, et ainsi de suite. Comme si tous mes romans se tenaient les uns aux autres, maillons d’une même chaîne qui formerait mon oeuvre. L’avenir me le dira.